1998
Acrylique sur MDF
44 x 44 x 3,6 cm chaque
S.D.R. sur chaque élément : madé 1998 Champlay
Achat en 2000
Centre national des arts plastiques
Inv. : 2000-311
par madé
But : trouver une écriture de la peinture pour que la lumière la
traverse.
Écrire la peinture m’a toujours passionnée et questionnée. L’écrire
grâce à un outil et que cet outil : pinceau, brosse, éponge, chiffon
peu
importe, fasse corps avec la main est une évidence pour moi. Le geste de la main est
pour moi, primordial.
Mais écrire la peinture sans trace ni marque, la déposer sur un support de telle
sorte
qu’elle ne soit pas un obstacle à la lumière mais qu’elle en soit
traversée,
que la couleur et la lumière s’unissent et vibrent dans la matière peinture,
l’incarnant
en quelque sorte, ne va pas de soi. Trouver le geste le plus juste a toujours été
pour
moi un but et une des raisons qui chaque matin me conduit dans mes ateliers.
Avant de réfléchir à ce projet de polyptyque dont il est question ici, j’avais
obtenu des résultats intéressants avec la série des quinze Carrés
blancs de 1996-1997 qui feront partie d’une grande série nommée
Carrés
de lumière série toujours ouverte à ce jour.
Les Carrés blancs de 1996-1997 sont au nombre de 15. Découpés dans
des
panneaux de mdf de 19 mm, ils mesurent 44 x 44 cm de côté. Leur particularité
est de ne pas être plan. En effet, une partie de chaque pan est découpée et
par
un travail de menuiserie collée au niveau d’une tranche en faisant un angle de
quelques
degrés.
J’ai peint ces carrés
de
plusieurs couches de blanc de titane, couleur opaque, y compris les dos des parties décalées
du mur. J’ai recouvert ensuite les pans de devant, ceux qui sont face au spectateur et les
pans dévoilés au regard, de glacis à peine orangés ou rosés
sur
dix modules et de couches à peine grises sur les cinq autres.
J’ai pu faire les constatations suivantes : des valeurs différentes de teintes
sur
un même pan et entre les pans des carrés se sont formées variant en fonction
de
la lumière ou du point de vue. Des vibrations de lumière se sont créées
sur les pans recouverts de glacis et des réverbérations sur le mur se sont formées
au dos des parties soulevées et sur les tranches des quinze carrés les entourant d’un
halo lumineux selon le sens de la lumière. Par contre, ceux qui étaient recouverts
de
fines couches de gris, je n’ai pu observer que des variations de valeurs de gris. Aucun phénomène
particulier ne s’est produit entre le mur et la partie décollée des carrés.
D’où l’idée de concevoir des carrés complètement plats et
de
cerner l’expérience sur les couleurs.
J’ai donc fabriqué treize carrés de 44 x 44 cm de cm de côté et
3,8
cm d’épaisseur.
J’ai recouvert les pans et les tranches de chacun des modules, de treize couleurs opaques
différentes.
Puis j’ai passé sept couches croisées de glacis blancs sur les pans colorés,
les recouvrant presque. Six, couches me semblaient peu, huit trop. Puis du blanc opaque sur
trois
tranches, laissant seule la tranche supérieure avec sa couleur mémoire.


Voici les couleurs choisies :
- blanc de titane
- jaune de cadmium clair
- jaune de cadmium moyen
- jaune d’or
- orange de cadmium
- un rose
- rouge de cadmium clair
- ocre
- bleu ultramarine
- vert de Hooker
- dioxazine purple
- un brun foncé
- gris de Payne
J’ai accroché les carrés sur les murs de mon atelier blanc.
J’ai découvert alors des réverbérations très fortes au-dessus
des
épaisseurs colorées sur sept modules, du blanc au rouge de cadmium clair,
exactement
comme si une lumière était installée à l’intérieur de
ces
modules qui alors auraient été creux.
Et au-dessus des autres couleurs, j’ai vu une ombre colorée.
J’ai constaté la présence de treize blancs différents sur les pans,
chacun
ayant ainsi sa propre spatialité.
J’ai constaté des vibrations couleur-lumière sur les pans, vibrations variant
au
gré du jour ou du point de vue.
J’ai nommé couleurs claires, celles qui produisaient une réverbération,
et
couleurs foncées, les autres.
Les couleurs claires semblaient se situer devant le mur blanc, chacune avec leur propre spatialité
alors que les couleurs foncées semblaient être chacune avec sa propre spatialité
mais au-delà du mur.
À partir de cette expérience et des résultats obtenus, j’ai travaillé
différemment couleurs claires et foncées.
madé, atelier blanc à Champlay, 1°
janvier 2014
Ce polyptyque a été exposé en
partie
seulement, au Musée des Ursulines à Mâcon dans le cadre de l’exposition
Amarante, vermillon, ocre, rouges du 14 novembre 1998 au 8 février 1999. Elle réunissait
en quatre expositions personnelles, les artistes : Marcia Hafif, Marthe Wéry,
Joselyne
Gelot et madé.
Cette œuvre a été prêtée
par le FNAC et présentée dans sa totalité au Lycée Robespierre d’Arras
par l’association EROA dans le cadre d’une exposition avec l’artiste Eliane
Chiron
autour des notions de fragmentaire, effacement des frontières et transfert, du 10 au 17
novembre 2000.

Carré avec aura 6/13 1998