mise à jour : 10/09/2023
Fonds National d'Art Contemporain. Paris
Fonds Régional d'Art Contemporain de Bourgogne. Dijon/FR
lire le texte d'Emmanuel Latreille
Donation Repères. Paris-Mâcon/FR
1998
Acrylique sur MDF
44 x 44 x 3,6 cm chaque
S.D.R. sur chaque élément : madé 1998 Champlay
Achat en 2000
Centre national des arts plastiques
Inv. : 2000-311
par madé
But : trouver une écriture de la peinture pour que la lumière la
traverse.
Écrire la peinture m’a toujours passionnée et questionnée. L’écrire grâce à un outil et que cet outil : pinceau, brosse, éponge, chiffon peu importe, fasse corps avec la main est une évidence pour moi. Le geste de la main est pour moi, primordial.
Mais écrire la peinture sans trace ni marque, la déposer sur un support de telle
sorte
qu’elle ne soit pas un obstacle à la lumière mais qu’elle en soit
traversée,
que la couleur et la lumière s’unissent et vibrent dans la matière peinture,
l’incarnant
en quelque sorte, ne va pas de soi. Trouver le geste le plus juste a toujours été
pour
moi un but et une des raisons qui chaque matin me conduit dans mes ateliers.
Avant de réfléchir à ce projet de polyptyque dont il est question ici, j’avais obtenu des résultats intéressants avec la série des quinze Carrés blancs de 1996-1997 qui feront partie d’une grande série nommée Carrés de lumière série toujours ouverte à ce jour.
Les Carrés blancs de 1996-1997 sont au nombre de 15. Découpés dans des panneaux de mdf de 19 mm, ils mesurent 44 x 44 cm de côté. Leur particularité est de ne pas être plan. En effet, une partie de chaque pan est découpée et par un travail de menuiserie collée au niveau d’une tranche en faisant un angle de quelques degrés.
J’ai peint ces carrés
de
plusieurs couches de blanc de titane, couleur opaque, y compris les dos des parties décalées
du mur. J’ai recouvert ensuite les pans de devant, ceux qui sont face au spectateur et les
pans dévoilés au regard, de glacis à peine orangés ou rosés
sur
dix modules et de couches à peine grises sur les cinq autres.
J’ai pu faire les constatations suivantes : des valeurs différentes de teintes
sur
un même pan et entre les pans des carrés se sont formées variant en fonction
de
la lumière ou du point de vue. Des vibrations de lumière se sont créées
sur les pans recouverts de glacis et des réverbérations sur le mur se sont formées
au dos des parties soulevées et sur les tranches des quinze carrés les entourant d’un
halo lumineux selon le sens de la lumière. Par contre, ceux qui étaient recouverts
de
fines couches de gris, je n’ai pu observer que des variations de valeurs de gris. Aucun phénomène
particulier ne s’est produit entre le mur et la partie décollée des carrés.
D’où l’idée de concevoir des carrés complètement plats et de cerner l’expérience sur les couleurs.
J’ai donc fabriqué treize carrés de 44 x 44 cm de cm de côté et 3,8 cm d’épaisseur.
J’ai recouvert les pans et les tranches de chacun des modules, de treize couleurs opaques
différentes.
Puis j’ai passé sept couches croisées de glacis blancs sur les pans colorés,
les recouvrant presque. Six, couches me semblaient peu, huit trop. Puis du blanc opaque sur
trois
tranches, laissant seule la tranche supérieure avec sa couleur mémoire.
Voici les couleurs choisies :
J’ai accroché les carrés sur les murs de mon atelier blanc.
J’ai découvert alors des réverbérations très fortes au-dessus des épaisseurs colorées sur sept modules, du blanc au rouge de cadmium clair, exactement comme si une lumière était installée à l’intérieur de ces modules qui alors auraient été creux.
Et au-dessus des autres couleurs, j’ai vu une ombre colorée.
J’ai constaté la présence de treize blancs différents sur les pans, chacun ayant ainsi sa propre spatialité.
J’ai constaté des vibrations couleur-lumière sur les pans, vibrations variant au gré du jour ou du point de vue.
J’ai nommé couleurs claires, celles qui produisaient une réverbération, et couleurs foncées, les autres.
Les couleurs claires semblaient se situer devant le mur blanc, chacune avec leur propre spatialité
alors que les couleurs foncées semblaient être chacune avec sa propre spatialité
mais au-delà du mur.
À partir de cette expérience et des résultats obtenus, j’ai travaillé
différemment couleurs claires et foncées.
madé, atelier blanc à Champlay, 1° janvier 2014
Ce polyptyque a été exposé en partie seulement, au Musée des Ursulines à Mâcon dans le cadre de l’exposition Amarante, vermillon, ocre, rouges du 14 novembre 1998 au 8 février 1999. Elle réunissait en quatre expositions personnelles, les artistes : Marcia Hafif, Marthe Wéry, Joselyne Gelot et madé.
Cette œuvre a été prêtée par le FNAC et présentée dans sa totalité au Lycée Robespierre d’Arras par l’association EROA dans le cadre d’une exposition avec l’artiste Eliane Chiron autour des notions de fragmentaire, effacement des frontières et transfert, du 10 au 17 novembre 2000.
Carré avec aura 6/13 1998
Acrylique sur mdf -186 x 90 x 3,8 cm - achat à l'artiste en 1997 - n° inv. 9970010
par Emmanuel Latreille
Après une courte interruption de toute production, madé entreprend, à partir
de
trois axes de recherche, une analyse approfondie des composantes du tableau.
La composition de l’œuvre est son premier centre d’intérêt et
elle
donne lieu à une longue étude de tableaux classiques. Puis une expérimentation
des différentes lignes (courbes ou brisées) et de leurs possibilités de
combinaison ouvre une suite de dessins variés. Enfin, le travail sur la couleur est engagé :
à partir de cartons découpés et colorés, madé réalise
des
pièces de différents formats. L’ensemble de ces recherches aboutit en 1989
à une exposition où l’artiste présente des œuvres uniquement géométriques,
réalisées avec peu de couleurs (deux ou trois) et, selon un choix qui lui est
propre,
exécutées sur contreplaqué. De 1989 à 1992 se met en place un
travail
à partir de décalages de plans superposés, d’abord d’après
un principe d’angles droits, puis selon des angles de plus en plus ouverts qui aboutissent
à l’introduction de la courbe sur le plan orthogonal originel.
Le Structile appartenant au Frac a été réalisé en 1997 à partir d’un dessin de 1992 : il s’agit de la dernière œuvre de l’artiste dans laquelle apparaît très nettement le décalage des deux plans superposés, à partir d’une mise en relation « tendue » de la courbe et de la ligne droite.
Pour être réalisée, la pièce exigeait une presse spéciale pour coller les importantes surfaces de bois, et c’est pourquoi elle n’a été faite que cinq ans après sa conception. Le M.D.F. a été préféré au contreplaqué pour ses qualités esthétiques.
Structile est exemplaire par sa sobriété, du travail de madé : le blanc opaque est recouvert de plusieurs couches de glacis du même blanc légèrement rosé qui permettent de capter une composante essentielle de l’œuvre, à savoir la lumière.
Celle-ci accentue la tension des lignes, alors que dans les pièces qui feront immédiatement suite, la fusion des deux plans dans une nappe torse la fera intervenir de manière plus douce, tout en faisant basculer définitivement une problématique initiale de peintre dans le domaine plus indéterminé du volume tridimensionnel.
Ainsi, comme dans de nombreuses démarches contemporaines, la réflexion sur le tableau aboutit, chez madé, à la définition d’objets spécifiques, ayant conquis leur autonomie formelle et poétique.
Structile a fait partie des expositions suivantes
Lumière d'été, Atelier Cantoisel à Joigny en Bourgogne du 21 juin au 31 août 1997.OÙ DONC, ET QUAND ?
Œuvres des collections des Frac Bourgogne et Frac
Franche-Comté
dans les communs du château de Tanlay en Bourgogne, du 16 juin au 16 septembre 2010 sous le commissariat de Jacques Py, directeur du Centre d’art de l’Yonne.
Ma proposition d’offrir un ensemble d’oeuvres à l’Association ARPE de Cambrai, est née à la suite des rencontres d’André Le Bozec et de Jean-Pierre Roquet. Tous deux suivent mon travail depuis des années et le soutiennent. Un jour, alors que j’étais de passage chez Jean-Pierre pour un évènement au Musée, Jean-Pierre me parle de son engagement dans une Association qu’il a créée pour personnes en grande déshérence et me propose de visiter avec lui un des établissements d’accueil à Cambrai. Là, je découvre que tous les espaces communs sont habités d’œuvres d’artistes. Pas de posters ni de reproductions, non, de vraies œuvres.
De cette visite exceptionnelle et bouleversante, l’idée de faire un don de mes oeuvres est née. Elle a cheminé quelques années et s’est concrétisée fin 2019. Mon choix s’est arrêté sur une série de 1990, très représentative d’une étape dans mon parcours, celle où j’ai abandonné les essais d’associations ou d’oppositions de couleurs sur cartons de petits formats pour oser peindre sur une vraie toile. Ne plus avoir peur de la couleur m’a permis d’avancer.
Aujourd’hui, le nouveau Directeur Général de l’Association ARPE est Samuël Rudewicz. Nous nous sommes rencontrés. Le don a été accepté. Je lui laisse la parole : ....Au nom de l’ensemble des membres du conseil d’administration, des équipes de professionnels mais aussi des usagers... La présence de vos travaux dans notre quotidien donne un éclairage singulier mais nécessaire sur l’accomplissement de nos missions. Pour nous qui travaillons chaque jour à accompagner l’humain vers une condition meilleure, je ne peux m’empêcher de penser à cette phrase de Kandinsky : « La peinture est un art, et l’art dans son ensemble n’est pas une création sans but qui s’écoule dans le vide. C’est une puissance dont le but doit être de développer et d’améliorer l’âme humaine ».
Compositions 1990
acrylique sur toile tendue sur structure de contreplaqué
71 x 71 x 4,5 cm
Le 3 février 2020 à Cambrai dans un des lieux d’accueil de l’Association ARPE
madé
atelier blanc
8 mars 2020, à Champlay